Depuis l\u2019organisation de son premier concert en mars 2007, l\u2019association Barbe \u00e0 Pop a \u00e9t\u00e9 poursuivie en justice \u00e0 cause de quelques affiches de concerts coll\u00e9es sur les murs de Lyon.<\/p>\n
Amende, convocation au tribunal administratif de la salle de concerts, une fois, deux fois, puis de l\u2019association, une fois, deux fois, amende confirm\u00e9e, opposition au jugement, cour d\u2019appel de Lyon, une fois, deux fois, amende augment\u00e9e, opposition au jugement, cour de cassation (1\u00e8re victoire !), jugement cass\u00e9, retour \u00e0 la cour d\u2019appel de Lyon et confirmation de l\u2019annulation de l\u2019amende de 1700 euros apr\u00e8s quatre ann\u00e9es de proc\u00e9dures judiciaires.<\/p>\n
Quel cirque ! Tout le temps, l\u2019\u00e9nergie et l\u2019argent public perdu pour faire reconna\u00eetre l\u2019erreur des services municipaux et des tribunaux de premi\u00e8re instance.<\/p>\n
De plus, en quatre ann\u00e9es, aucun des tribunaux n\u2019a abord\u00e9 s\u00e9rieusement les questions de fond de notre affaire. Ils n\u2019ont pas non plus remis en question la Ville qui avait pourtant confirm\u00e9 par voie de presse ne pas \u00eatre aux normes du nombre de panneaux d\u2019affichage associatif que la loi lui impose de mettre \u00e0 disposition. Les entreprises qui monopolisent les panneaux d\u2019affichage associatif n\u2019ont pas non plus \u00e9t\u00e9 remises en cause, ni la Ville qui est cens\u00e9e faire respecter ces espaces d\u2019expression libre.<\/p>\n
Les arguments du tribunal administratif et de la cour d\u2019appel se sont born\u00e9s au jugement caricatural \u00ab l\u2019affichage libre est de la pollution visuelle \u00bb alors m\u00eame que trois cents affiches de concerts lyonnais \u00e9taient expos\u00e9es dans deux galeries d\u2019art, \u00e0 la Biblioth\u00e8que municipale de Toulouse et alors que la Biblioth\u00e8que Nationale de France (p\u00f4le estampes) en r\u00e9clame des exemplaires pour son fonds d\u2019archives.<\/p>\n
Par contre, pendant ce temps, la Ville de Lyon a encore durci sa politique de propret\u00e9, d\u00e9mantel\u00e9 de nouveaux panneaux d\u2019affichage associatif, multipli\u00e9 les amendes, et augment\u00e9 les effectifs de sa police municipale. Avez-vous remarqu\u00e9 par exemple que trois de ces panneaux se trouvent dans la seule traboule des Voraces ? Les panneaux sont aussi plac\u00e9s l\u00e0 o\u00f9 on ne les voit pas, cach\u00e9s.<\/p>\n
Pourquoi \u00e0 l\u2019oppos\u00e9 devrions-nous supporter les publicit\u00e9s, qui se reproduisent partout \u00e0 foison, gr\u00e2ce \u00e0 la collaboration entre Decaux et la Ville de Lyon, et d\u00e9goulinent aujourd\u2019hui jusque sur les fa\u00e7ades des immeubles en chantier.<\/p>\n
Heureusement, malgr\u00e9 tout, malgr\u00e9 la Ville de Lyon, et malgr\u00e9 les l\u00e9gislations r\u00e9gissant la propret\u00e9, la s\u00e9curit\u00e9 et les nuisances sonores, des concerts, leurs affiches, les graffitis, les fanzines continuent encore \u00e0 exister, mais cela devient de plus en plus difficile.<\/p>\n
Depuis que l\u2019imprimerie a \u00e9t\u00e9 invent\u00e9e, les affiches ont toujours exist\u00e9 sur les murs de nos villes, alors comment justifier le z\u00e8le de nos \u00e9lus locaux aujourd\u2019hui et la mise en place de tous ces dispositifs tordus du type \u00ab contrat propret\u00e9 \u00bb \u00e0 destination des habitants?<\/p>\n
Nous esp\u00e9rons que les po\u00e8tes, les militants, les artistes et tous les porteurs d\u2019une parole publique s\u2019empareront \u00e0 nouveau des murs de Lyon malgr\u00e9 la menace polici\u00e8re. Car alors que la d\u00e9mocratie semble se perdre dans les sph\u00e8res politico-politiciennes, l\u2019affichage libre est garant d\u2019une diversit\u00e9 d\u2019expression au m\u00eame titre que les blogs, et plus encore, puisqu\u2019il s\u2019adresse \u00e0 tous en-dehors des cercles cloisonn\u00e9s des r\u00e9seaux personnels ou militants.<\/p>\n
Continuons \u00e0 coller !
\n\u00ab Murs blancs, peuple muet \u00bb.<\/p>\n